jeudi 26 août 2010

Edouard Salim MICHAEL - Un étrange sommeil diurne

edouard salim michael


''Le but principal de toute pratique spirituelle est de se libérer de la pesanteur d’un étrange sommeil diurne (dans lequel l’être humain passe si tristement sa vie) afin de devenir conscient de soi-même d’une façon différente de celle dont on l’est habituellement. Cette manière inhabituelle d’être conscient de soi-même constitue le sentier par excellence conduisant à la Source Divine enfouie dans les profondeurs de tout homme et de toute femme.

Si son esprit n’est pas derrière son regard et derrière son écoute, l’être humain est inévitablement, et d’une manière qu’il ne peut appréhender d’ordinaire, inconscient de lui-même. Sans le savoir, il ne vit qu’une existence végétative depuis l’aspect inférieur de sa double nature.
Il est, d’une façon incompréhensible pour lui, toujours identifié et piégé par tout ce qu’il voit et entend sans être capable de mettre de la distance entre lui et ce qui sollicite son attention afin de pouvoir faire la discrimination entre ce qui est favorable et ce qui est nuisible à son évolution spirituelle — ou même, à son bien-être terrestre. Et, dans cet état d’inconscience de lui-même ou de sommeil diurne, il continue à dormir en lui-même, enveloppé dans une brume invisible, tandis qu’il ne cesse de mourir intérieurement d’un instant à l’autre, sans jamais savoir ce qui lui arrive.''
Edouard Salim MICHAEL
Les osbtacles chapitre 1

vendredi 20 août 2010

Mme Guyon De la quiètude en Dieu


De la quiétude en Dieu
Mon oraison est toujours la même, non une oraison qui soit en moi, mais en Dieu, très simple, très pure et très nette. C’est un état et non une oraison, dont je ne puis rien dire à cause de sa grande pureté. Je ne crois pas qu’il se puisse rien au monde de plus simple et de plus un. C’est un état dont on ne peut rien dire, parce qu’il passe toute expression : état où la créature est si fort perdue et abimée que, quoi qu’elle soit libre au dehors, elle n’a plus pour le dedans chose au monde. Aussi son bonheur est inaltérable. Tout est Dieu, et l’âme n’aperçoit plus que Dieu. Elle n’a plus de perfection à prétendre, plus de tendance, plus d’entre-deux, plus d’union : tout est consommé dans l’unité, mais d’une manière si libre, si aisée, si naturelle que l’âme vit en Dieu et de Dieu aussi aisément que le corps vit de l’air qu’il respire.
(Madame Guyon in Martin Buber, confessions extatiques, tra. Jean Malaplate, Paris Grasset 1995)
En savoir Plus

"O toi de noble naissance, le temps est à présent venu pour toi de chercher le Sentier. Ton souffle est sur le point de cesser. Dans le passé, ton Guru t'a placé face à face avec la Claire Lumière. Et maintenant, tu es sur le point de l'expérimenter dans sa Réalité dans l'état du Bardo ; dans cet état du Bardo, toutes choses sont comme le ciel sans nuages et l'intellect immaculé et nu est pareil à une vacuité translucide sans circonférence ni centre.
A ce moment, connais toi toi-même et demeure dans cet état."
Le Bardo-Thödol -

traduction de la version anglaise p. 91 (Le bardo du mourant) :

mardi 17 août 2010

Le Ram Nam selon SWAMI RAMDAS


Par la répétition du Nom Divin, ton esprit n’est pas seulement débarrassé de toutes ses pensées et désirs impurs, il est aussi élevé vers l’état de conscience le plus haut où tu réalises ton union et ton unité avec Dieu. () Mais il y a une manière de le répéter — il faut le prononcer avec une foi et un amour sans mélange ; alors seulement tu sentiras que le Nom du Seigneur est très, très doux. Pour certains, la difficulté consiste dans l’impossibilité de répéter continuellement le Nom, même s’ils le désirent. Cela veut dire que leur amour pour le Nom n’est pas plus grand que celui qu’ils portent aux objets périssables de ce monde. C’est une vérité psychologique que notre esprit pense le plus à l’objet qu’il aime le plus, et que notre désir exacerbé pousse inévitablement notre mental vers cet objet. De même si notre esprit est enflammé par l’amour intense du Nom , cet amour nous permettra de nous rappeler constamment le Nom. Lorsque cet amour est tiède et instable, notre souvenir du Nom reste instable et discontinu.
Swami Ramdas

"Il est donc nécessaire pour le chercheur de comprendre que ses pratiques spirituelles, quelles qu’elles soient, doivent toujours être effectuées avec le maximum de vigilance et de scrupules s’il souhaite arriver un jour à un résultat valable. Cette lutte contre l’automatisme concerne en particulier les personnes pratiquant la récitation de mantras où le risque de se laisser doucement aller à rêvasser au cours de la répétition continuelle de ces mots est d’autant plus sérieux pour ce qu’elles cherchent à atteindre. L’aspirant ne peut jamais rester assez sur ses gardes ni suffisamment attentif face au danger de l’attraction de la pesanteur dans une pratique spirituelle, une force qui, de par sa nature, cherche toujours la direction lui offrant la moindre résistance — qui est la descente !
Un aspirant peut répéter machinalement jusqu’à la fin des temps : “Om Nama Shivoham, Om Nama Shivoham, Om Nama Shivoham...” tandis que des pensées lui traversent subrepticement l’esprit ; cela ne l’emmènera nulle part, et certainement pas vers cette Réalité Ultime qu’il cherche à connaître en lui-même. "
Les obstacles à l’Illumination et à la Libération chap 5
Salim MICHAEL

lundi 9 août 2010

Hans Denck

Qui me donnera une voix

"Oh, qui me donnera une voix
que je puisse crier au monde entier
que Dieu, qui est au plus haut
est aussi au plus profond de nous
et attend que nous retournions à lui.

Oh mon Dieu, comment se fait-il, dans ce pauvre vieux monde,
que Tu sois si grand et que pourtant personne ne Te trouve,
que Tu appelles d’une voix si forte et que personne ne T’entende,
que tu sois si proche et que personne ne Te sente,
que Tu Te donnes à tout le monde et que personne ne sache Ton nom ?

Les hommes te fuient et disent qu’ils ne peuvent Te trouver ;
ils Te tournent le dos et disent qu’ils ne te voient pas ;
ils se bouchent les oreilles et disent qu’ils ne peuvent t’entendre."
Hans Denk

''Au fond, sans jamais le savoir d’ordinaire, tout le monde est appelé. Ce qui ne permet pas à la majorité de l’humanité de reconnaître cet appel, c’est que le niveau de leur conscience et de leur être est, du point de vue spirituel, trop bas — en dépit du fait qu’ils pensent posséder, en tant qu’êtres humains, le plus haut degré de conscience possible — et, sans qu’ils
ne s’en rendent compte, cette limitation de leur conscience
et de leur être induit en eux une forme d’insensibilité très particulière qui les rend incapables de sentir la subtilité de cet appel, lequel, en raison de la singularité de sa nature, ne peut se manifester de façon tangible.

De surcroît, là où ils laissent leur attention être attirée, c’est là qu’inévitablement va se trouver leur intérêt ; or, comme celui-ci est généralement tourné uniquement vers l’extérieur, vers le monde des sens (), ils sont d’autant moins aptes à sentir en eux cet appel silencieux. Et même si, par hasard, certains parviennent à être conscients de cet appel, combien parmi eux vont-ils accepter de sacrifier ce qui leur tient à cœur extérieurement pour pouvoir y répondre ? ''
Dans le silence de l'Insondable chp 2
Edouard Salim MICHAEL

dimanche 8 août 2010

Milarépa - '' Le plus élevé de tous les sentiers ''


"Dans le procédé de méditation sur ce stade de tranquillité mentale (Shi-nay), en concentrant l’esprit, soit sur des formes, soit en pratiquant la méditation sans formes, l’esprit doit premièrement se pénétrer de compassion, remettant entièrement le résultat de ses efforts en l’Universelle Bonté. Secondement, le but de ses aspirations doit être parfaitement clair et défini en s’élevant dans les régions de la pensée transcendantale. Finalement, il faut prier mentalement et désirer bénir tous les autres d’une manière si sincère que cet acte mental aussi s’élève dans la pensée pure. Ceci, je crois, est le plus élevé de tous les Sentiers."
Milarepa
extrait du livre La vie de Milarepa p 184

"Si l’aspirant veut utiliser la prière comme moyen d’atteindre l’Aspect Sublime de sa nature, il lui faut apprendre quoi prier et comment prier. Il faut également, par la pratique assidue de la méditation et divers importants exercices de concentration, qu’il élève le niveau de sa conscience pour permettre à la prière d’avoir un certain effet sur son être".
Edouard Salim Michael
La Quète Suprème chap 18

vendredi 6 août 2010

Dhammapada- Paroles du Bouddha - Les impuretés-


“Que l’homme sage élimine ses impuretés, une par une, jour après jour, comme l’orfèvre élimine les impuretés de l’argent.” (Dhammapada, 239)

''Combien de personnes n’entend-on pas se plaindre en disant : «Ce sont les autres qui m’ont rendu tel que je suis.» Or, elles ne réalisent pas — ou ne veulent pas accepter le fait — que, si les autres agissent à leur égard d’une manière qu’elles n’aiment pas, ce n’est que par réaction à la façon dont elles-mêmes se comportent devant eux. Il est inutile de blâmer les autres pour les défauts que l’on voit en soi-même et dont, sans peut-être en avoir conscience, on est à l’origine. On ne doit s’en prendre qu’à soi et ne pas oublier à quel point on n’est jamais conscient de la manière dont on est devant les autres et, surtout, dont on est vu par eux ! Il y a toujours un décalage entre l’image que les autres ont de nous et celle que nous avons de nous-mêmes, et ce décalage s’avère être une source constante d’incompréhensions et de souffrances. ()
Toutefois, il est nécessaire pour le chercheur de savoir comment regarder les tendances défavorables qu’il découvre en lui, ()

Il lui faut trouver une manière très spéciale de faire face à ses penchants indésirables, qui rende possible la venue au premier plan de son être d’un Mystérieux Témoin Silencieux, qui, en fait, est déjà là dans le tréfonds de lui-même, et au travers duquel il peut voir sa nullité et les aspects peu flatteurs de sa nature ordinaire sans s’en trouver écrasé ni démoralisé. ()
Il comprendra alors la nécessité pour lui, comme pour tout autre chercheur, de toujours mettre en question tout ce qui sort de sa
bouche* et tout ce qu’il fait dans la vie, s’il souhaite dépasser les obstacles qui lui barrent la route vers son but ''.

*Le Christ n’a-t-il pas dit à ses disciples : «Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais ce qui sort de sa bouche, voilà ce qui souille l’homme.» (Matt. 15,11)
Salim MICHAEL
S'Eveiller: une question de vie ou de mort chp 8

jeudi 5 août 2010

Herbert von Karajan


« Chaque concert est une expérience mystique, une extase... c'est une forme de grâce »
Herbert von Karajan





La présence de l’auditoire soumet inévitablement l’attention de l’artiste à une grande épreuve, et cette exigence se situe généralement au delà des capacités de quelqu’un d’ordinaire. Cette demande suscite en l’artiste une certaine tension qui provoque un état intérieur particulier accompagné d’une sorte de force et d’énergie très spécifiques qui ne lui sont pas habituelles, mais qui, outre le fait qu’elles constituent le “feu” nécessaire pour donner vie à ses talents, l’aident à le rendre intensément vigilant et conscient de ce qu’il est en train d’effectuer.

L’état intérieur ainsi créé contribue, jusqu’à un certain degré, à le libérer de sa manière coutumière de se sentir, permettant alors à un autre aspect de sa nature d’apparaître à la surface de son être, l’élevant et lui donnant un tout autre goût de lui-même, un goût particulier dont il a grand besoin et qu’intuitivement, il apprécie profondément.

Par la suite, il se trouvera mystérieusement poussé à toujours vouloir retrouver cet état intérieur élevé et ce sentiment de lui-même dont il ignore la véritable origine. Il lui semblera ne pouvoir l’obtenir qu’en cherchant et relevant de façon répétée le défi d’affronter ce grand témoin extérieur — l’auditoire dans la salle — afin de ré-éprouver cette sensation que celui-ci suscite en lui chaque fois qu’il a l’occasion de se produire devant lui.
Plus l’état de présence et de concentration que l’artiste se révèle capable d’évoquer et de maintenir en lui pendant qu’il se trouve sur scène est profond, plus il lui sera possible de s’éloigner de lui-même ; et, plus il s’éloignera de lui-même, plus grand sera son art, car, sans qu’il le sache consciemment, quelque chose de plus haut en lui viendra à de tels moments au premier plan de son être et se manifestera à travers lui.

Une fois la technique de sa discipline maîtrisée, ce n’est que dans la mesure où un artiste parvient à devenir distant de lui-même, à oublier son moi personnel et à être suffisamment libre intérieurement pour permettre à un autre aspect de sa nature de prendre le dessus que sa création ou sa prestation franchira l’épreuve de la vérité qu’elle cherche à exprimer ; elle aura alors le pouvoir d’élever à la fois lui-même et son auditoire, les exaltant et les inspirant.

Edouard Salim MICHAEL

La Voie de la Vigilance intérieure chap. 47

mardi 3 août 2010

Bardo Thödol - Le Livre des morts tibétain - commentaires


Il faut souligner que, si le défunt n’a pas effectué, de son vivant, des pratiques de méditation indispensables pour reconnaître, au moins dans une certaine mesure, cette Claire Conscience Éthérée qui est l’État Primordial d’où il a surgi, il ne pourra y parvenir au moment ultime de la mort — sans même parler de demeurer non distrait à ces instants étourdissants, ce qui implique une suprême maîtrise du mental, totalement inconnue ordinairement!


Le décédé se trouvera plongé dans un état qui lui demeurera totalement incompréhensible et lui donnera même l’impression déroutante de n’être qu’un étrange vide inquiétant, sans circonférence ni centre — un vide dont le Bardo Thödol s’efforce de lui faire comprendre la valeur inestimable : «Ce Vide n’est pas de la nature du vide du néant, mais un Vide dont la vraie nature t’impressionnera et devant lequel ton esprit brille clairement et plus lucidement. Dans l’état où tu existes, tu expérimentes avec une intensité insupportable : Vide et Clarté inséparables... Ne sois pas distrait. La ligne de démarcation entre les Bouddhas et les êtres animés passe ici. »

Edouard Salim MICHAEL
Commentaires sur le Bardo Thödol suite

dimanche 1 août 2010

Tenzin Palmo - Se souvenir


«Le terme sanscrit qui désigne la vigilance est smirti, sati en pali et drènpa en tibétain. Il est intéressant de constater que tous ces mots signifient « se rappeler ». C’est ce que les catholiques appellent « être en état de recueillement ». Et c’est extrêmement difficile. Etre conscient pendant quelques minutes, c’est déjà beaucoup. Si « vigilance » est synonyme de « se souvenir », il en résulte que l’ennemie de la conscience éveillée est l’oubli, la distraction. On est capable d’être conscient pendant quelques brefs instants, puis on oublie. Comment se souvenir d’être conscient ? C’est là tout le problème. Car nous avons cette colossale inertie. Nous n’avons tout simplement pas l’habitude d’être conscients. » p. 230
TENZIN PALMO
(Un ermitage dans la neige Ed. Nil ) p 230
Une vidéo de Jetsunma Tenzin Palmo

L’être humain passe pratiquement toute son existence dans un dramatique état d’absence à lui-même, un état d’absence, ou d’oubli de lui-même très particulier, qui peut être comparé à la torpeur hébétée d’un ivrogne, ou même, à l’état d’un mort vivant. Il parle, pense, agit, rit, marche, s’agite et provoque même des guerres meurtrières dans cet étrange état d’absence à lui-même, tout comme un somnambule inconscient de ce qu’il peut faire à son détriment.

Qu’oublie-t-il donc à l’heure fatidique de sa naissance dans le monde temporel ? Qu’oublie-t-il en se réveillant dans ce monde séduisant qui ne cesse de lui proposer des choses agréables pour son plaisir et qui, au fur et à mesure qu’il grandit, l’attache et l’éloigne de plus en plus de sa Source d’Origine par laquelle seule il peut connaître le sens de son incarnation sur cette planète — une planète créée, elle aussi, pour accomplir une mission énigmatique et qui, comme toute créature vivante, succombera un jour à l’implacable exigence du dieu de la mort.

N’oublie-t-il pas à l’heure de sa naissance un mystérieux état de complétude qu’il va, sans le savoir, rechercher en vain durant toute sa vie dans des satisfactions extérieures ?
Et cet effort mystérieux d’être conscient de soi-même d’une manière très différente de la façon dont il l’est habituellement — qui se manifeste inévitablement par un mouvement vers soi-même — ne consiste-t-il pas en un mouvement de retour vers cet état énigmatique de complétude, un retour vers sa Source Originelle ?
Edouard Salim MICHAEL
La quête supreme chap 19